N°13 - Avril 2005






Parutions
Editions
- Guy de Maupassant, Récits de chasse et contes ruraux, préface de Christophe Dufourg Burg, contes choisis par Pierre Robin, Paris, Editions de Montbel, décembre 2004, 224 p. (20 euros)
Regroupe vingt-cinq récits de Maupassant sur le thème de la chasse en Normandie : « Les Grandes Passions », « La Bécasse », « Le Loup », « La Folle », « Pierrot », « Farce normande », « Les Sabots », « La Rempailleuse », « Un Normand », « Le Testament », « Aux champs », « La Roche aux guillemots », « Une veuve », « Confessions d'une femme », « La Rouille », « Amour », « Hautot père et fils », « L'Âne », « La Farce », « La Main », « Madame Pasca », « Le Fermier », « Les Bécasses », « Le Garde », « Un coq chanta ».

- Boule de suif et autres récits de guerre, éd. Isabelle Signoret et Joëlle Ibéro, Paris, Bordas, Univers des lettres classique, mars 2005, 128 p. (3,50 euros)

- « 69 » p.615-616 de l'Anthologie de la poésie érotique française, choix et présentation de Jean-Paul Goujon, Paris, Fayard, 2004, 1006 p. (40 euros)
C'est le seul poème de Maupassant figurant dans cette anthologie.

Ouvrage
Gilbert Millet et Denis Labbé, Le Fantastique, Paris, Belin, coll. Sujets, mars 2005, 394 p. (25 euros)
Plusieurs passages concernent l'oeuvre de Maupassant.

Numéro de revue
La Nouvelle Revue Pédagogique, Lettres collège, 574, n°6, février 2005, 60 p.
- Françoise Volpoët, « Lire au CDI. Un Maupassant plein de vies », p.2.
- Adeline Wrona, « Guy de Maupassant. La littérature au miroir du journalisme », p.8-17.
- Patrick Breton, « Auguste Renoir, Le Déjeuner des canotiers (1881) », p.18-19.
- Laurent Müller, « Maupassant, la presse et le roman », p.20-29.
- Laurent Müller, « Boule de suif, lectures littéraire et grammaticale d'une nouvelle "réaliste" », p.30-42.
- Marguerite Chabrol, « Maupassant/Ophuls, "Le Masque" », p.45-46.
- Lucien Giraudo, « Etude d'un article de Maupassant », p.51-52.
- Yann Le Lay, « Etude d'un extrait de nouvelle de Maupassant », p.53-54.
- Nathalie Gouiffès, « Maupassant, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris », p.59-60.

Articles
- Alain Rabatel, « Analyse énonciative et interactionnelle de la confidence à partir de Maupassant », Poétique, n° 141, février 2005, p.93-113.

Voir les articles dans le numéro de La Nouvelle Revue Pédagogique, Lettres collège ci-dessus.


Evénements
L'Enfant de Santelli sur Ciné Cinéma auteur
La chaîne Ciné cinéma auteur rediffusera L'Enfant, adaptation de la nouvelle homonyme de Maupassant par Claude Santelli, jeudi 7 avril 2005 (10h30-11h45). Ce sera l'occasion de (re)voir ce téléfilm de qualité appartenant à la série « L'Ami Maupassant » (1986). Interprètes : Anne Consigny (Berthe), Jean-Pierre Bouvier (Jacques), Béatrice Agenin (Emilie), Françoise Seigner (la mère)…

Anniversaire
La revue Maupassantiana fête sa première année d'existence. Lancée en avril 2004, elle compte treize numéros et 146 abonnés de tous horizons. Parmi les pays représentés, citons : l'Algérie (1), l'Allemagne (4), l'Argentine (1), la Belgique (3), le Brésil (5), le Burkina Faso (1), le Cameroun (1), le Canada (2), le Congo (1), Cuba (1), l'Espagne (4), la France (71 dont 1 en Nouvelle-Calédonie), la Grande-Bretagne (4), la Hollande (1), l'Italie (8), le Liban (1), Madagascar (1), le Maroc (2), la Moldavie (1), la Nouvelle-Zélande (1), la Roumanie (1), la Russie (2), la Suède (1), la Suisse (1), les USA (2), Taiwan (1), la Tunisie (23), la Turquie (1). La revue manque cruellement d'informations provenant de l'étranger. Vous pouvez donc me signaler des sites ou des événements ponctuels concernant l'auteur (éditions, traductions, expositions, adaptations, colloques…).

Le Horla adapté au Club Dunois
Le Théâtre du sang propose jusqu'au 29 avril 2005 une adaptation modernisée de la nouvelle « Le Horla » et de ses versions antérieures. Les interprètes sont Flo Beunier, Leticia Bignon, Nicolas Chelay, Garance Crouillère, Pierre Karcher, Olivier Petit. Voici le texte de présentation accessible sur le site Théâtre on line :
« Un personnage, peu à peu, sous l'influence rêvée ou réelle d'une entité qu'il ne peut voir, sombre dans la folie et va commettre, par bêtise, l'irréparable. Derrière cette trame à l'apparence fantastique surgissent des sujets plus brûlants : manipulation du peuple, effets de la propagande, schizophrénie, toxicomanie, hallucinations ; une vision de la solitude, de l'enfermement, du désespoir affectif, une vision de la révolte et de la paranoïa. »
Avis du site Théâtre on line :
« Le Théâtre du Sang a ainsi choisi, pour adapter cette nouvelle (et ses deux versions antérieures) de s'approprier complètement le texte, de le moderniser, de le trancher et le retrancher, puzzle bizarre composé des reflets d'un personnage fragmenté, brisé, démultiplié : chacun de ses fragments est interprété par un comédien différent. »
Club Dunois
61 rue Dunois
75013 PARIS (France)
Métro : Nationale ou Chevaleret
Tarif : 16 euros environ.
http://www.theatreonline.com/guide/detail_piece.asp?i_Region=0&i_Programmation=11790&i_Genre=0&i_Origine=&i_Type=


Au soleil aux enchères sur Ebay
L'édition originale du récit de voyage Au soleil publiée chez Havard en 1884 est en train de faire grimper les enchères sur le site Ebay. Après dix jours de mise en vente, l'ouvrage est à présent à 505 euros. Il reste encore quatre jours. On est bien loin du prix de départ : 10 euros. L'exemplaire, avec reliure de l'époque signée Carayon à la bradel en demi-maroquin vert foncé, dos lisse, date en queue, couvertures conservées, comporte un envoi de l'auteur : « A Madame Blanche Aubé, son ami, Guy de Maupassant ». Signalons que le livre est visible sur le site et que le vendeur a mal lu la dédicace. L'ouvrage est adressé à Blanche Aubé, femme du docteur Aubé, voisin de Maupassant à Etretat, et non à Blanche André.
http://cgi.ebay.fr/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&category=27170&item=6954258652&rd=1


Maupassant dans l'enseignement secondaire
Séquence sur Bel-Ami
In f(x) Venenum, site de ressources pédagogiques pour le lycée, met à la disposition des élèves et des enseignants une séquence destinée à une classe de première générale : « Un roman naturaliste : Bel-Ami de Maupassant ». On y trouve des lectures analytiques, des sujets d'exposés, une grille d'évaluation de l'oral, une frise montrant l'ascension de Georges Duroy et une présentation du travail d'une classe de 1ère S sur le roman.
http://www.infx.info/quidnovi/article.php3?id_article=454

Séquence sur « Aux champs » en CAP
Le site de l'Académie de Versailles présente une séquence intitulée « Aux champs : lecture d'une nouvelle de Maupassant » et qui s'adresse à des élèves de CAP d'insertion. Le plan (36,5 ko) et le déroulement complet de la séquence (860 ko) peuvent être consultés et/ou téléchargés au format Word.
http://www.lettres-histoire.ac-versailles.fr/article.php3?id_article=83

Maupassant en BEP
Didier Receveur, professeur de Lettres-Histoire au lycée professionnel Colbert de Marseille, a mis en ligne, sur le site de l'académie d'Aix-Marseille, sa progression annuelle (2004-2005) destinée à des secondes et Terminales BEP. On constatera que les oeuvres de Maupassant ont toujours la cote, surtout les récits courts : Contes campagnards et citadins, « Une partie de campagne », « La Peur ».
http://www.lettres-histoire.ac-aix-marseille.fr/Ressources/progdeBEP.htm

Figures de style dans « Cauchemar »
Un site canadien explique les procédés de la nouvelle en prenant appui sur des textes célèbres. Le conte « Cauchemar » figure parmi ceux-là.
http://www.cafe.umontreal.ca/genres/p-nouvel.html
http://www.cafe.umontreal.ca/genres/e-cauche.html


Boule de Surf, Maupassant sur le Web
Page ressource sur le site de l'Académie de Lyon
On trouvera une page de liens et de ressources consacrés à Maupassant sur le site de l'académie de Lyon. Maupassantiana y figure en bonne place.
http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/lettres/annurphp/liens.php?id=1002

Maynial en espagnol
Le site de José Manuel Ramos, Guy de Maupassant, s'est enrichi d'une traduction espagnole de l'ouvrage d'Edouard Maynial, La Vie et l'œuvre de Guy de Maupassant, paru au Mercure de France en 1906. Les internautes peuvent télécharger un fichier Word de 263 Ko.
http://www.iesxunqueira1.com/maupassant/obras_sobre_M.htm

Correspondance de Maupassant en espagnol
La nouvelle entreprise de M. Ramos, passionné de Maupassant, est la traduction en espagnol de la correspondance de l'auteur accessible sur le site de Thierry Selva, Maupassant par les textes. Les années 1862-1884 (lettres n°1 à 312) sont déjà disponibles dans une présentation agréable et soignée. Se trouve toujours en regard la lettre en français. Une belle initiative.
http://www.iesxunqueira1.com/maupassant/Correspondencia/carta.htm

Maupassant dans La Bibliothèque électronique du Québec
La Bibliothèque électronique du Québec, fondée par Jean-Yves Dupuis, a numérisé 557 oeuvres appartenant au domaine public. Dans la collection « A tous les vents » se trouvent des recueils de Maupassant, téléchargeables au format pdf. Citons :
Contes de la Bécasse (389 ko)
La Maison Tellier (482 ko)
Le Rosier de Madame Husson (387 ko)
Les Dimanches d'un bourgeois de Paris (229 ko)
Mademoiselle Fifi (399 ko)
http://jydupuis.apinc.org/
http://jydupuis.apinc.org/vents/index.htm
Pierre et Jean (471 ko) est en attente de perfectionnement :
http://jydupuis.apinc.org/provisoire/Maupassant-Pierre.pdf


En lisant
Léon Bloy, Le Désespéré (1886), IVe partie « L’Epreuve diabolique », LVIII .
On reconnaîtra dans le portrait de Gilles de Vaudoré, poète romancier, une caricature de Maupassant.
       « Pour ce qui est de Vaudoré, c'est le plus heureux des hommes. Tout ce que la médiocrité de l’esprit, la parfaite absence du cœur et l’absolu scepticisme, peuvent donner de félicité à un mortel lui fut octroyé.
       On l’appelle, volontiers, l’un des maîtres du roman contemporain, par opposition à Ohnet, toujours envisagé comme un point extrême des plus dégradantes comparaisons. Toutefois, il serait assez difficile de préciser la différence de leurs niveaux. Leur public est autre, sans doute. Mais ils disent les mêmes choses, dans la même langue, et sont équitablement payés d’un succès égal.
       Seulement, Vaudoré l’emporte infiniment par les supériorités inaccessibles de son impudeur. Ce médiocre devina, du premier coup, son destin. Sans tâtonner une minute, il choisit la bâtardise et l’étalonnat. Telles sont les deux clefs par lesquelles il est entré dans son paradis actuel.
       Aimé d’un aveugle maître qui crut, sans doute, à l’aurore d’un génie naissant, non seulement il lui soutira une nouvelle fameuse écrite presque entièrement de la main du vieil artiste et qui, signée du nom Vaudoré, commença la réputation du jeune plagiaire, – mais après la mort du patron il répandit par le monde que ce défunt l’avait engendré, n’hésitant pas à déshonorer sa propre mère, que le progéniteur supposé ne connut peut-être jamais. Au moyen de ces industries, il parvint à se remplir d’un atome vivifiant de la gloire d’un des romanciers les plus puissants sur les générations nouvelles, et il hérita de tout son crédit.
       Un aussi démesuré triomphe ne suffisant pas encore à ce pédicule de grand homme, il inaugura le sport fructueux de l’étalonnat. Jusqu’à ce novateur, on s’était contenté de faire l’amour vertueusement ou paillardemment, mais dans l’obscurité convenable aux salauderies préliminaires de la putréfaction. Quand on sortait de cette ombre, comme le fit le marquis de Sade, c’était pour attenter délibérément à quelque loi d’équilibre primordial, en risquant sa vie ou sa liberté. Le bâtard volontaire ignore ce genre de grandeur, comme il ignore tous les autres. Il a simplement imaginé de forniquer, de temps en temps, après-devant experts, pour obtenir un renom d’écrivain viril et subjuguer la curiosité des femmes. Remarquablement doué, paraît-il, ce romancier ithyphallique a colligé les suffrages des arbitres les plus rigides et les princesses russes les plus retroussées sont accourues, déferlantes et pâmées, du fond des steppes, jusqu’à ses pieds, pour lui apporter la saumure de tout l’Orient…
       Les confrères, quelque pénétrés de respect pour l’énormité du succès, le nomment entre eux, volontiers, le tringlot de la littérature. Telle est, en vérité, la physionomie précise du personnage et tel son degré de distinction. C'est un sous-officier du train et même un sous-off. Petit, trapu, teint rouge et poil châtain, il porte la moustache et la mouche et a des diamants à sa chemise. C'est le traditionnel bellâtre de garnison qui affole les caboulotières et qui ne parvient pas à se remettre de son effronté bonheur. Un désir infini d’être cru Parisien jusqu’au bout des ongles est la soif cachée de cet indécrottable provincial.
       Etonnamment dénué d’esprit et de toute compréhension de l’esprit des autres, il est impossible de rencontrer un être plus incapable d’exprimer un semblant d’idée, ou d’articuler un seul traître mot sur quoi que ce soit, en dehors de son éternelle préoccupation bordelière. La parfaite stupidité de ce jouisseur est surtout manifestée par des yeux de vache ahurie ou de chien qui pisse, à demi noyés sous la paupière supérieure et qui vous regardent avec cette impertinence idiote que ne paierait pas un million de claques.
       Ce n’est pas lui qui s’exténuera jamais pour tenter de faire un beau livre, ou pour écrire seulement une bonne page ! – Je ne tiens qu’à l’argent, dit-il, sans se gêner, parce que l’argent me permet de m’amuser. Les artistes consciencieux sont des imbéciles.
       En conséquence, il est admiré de la juiverie parisienne qui le reçoit avec honneur, ce dont il crève de jubilation. Quand il est invité chez Rothschild, le tringlot en informe, quinze jours, la terre entière. C'est, à cette école, sans aucun doute, qu’il a puisé la science des affaires. On l’a vu, à Etretat, vendant des terrains à des confrères qu’il savait gênés, pour les racheter ensuite, à vil prix.
       Sa vanité, d’ailleurs, est à son image. Son hôtel de l’avenue de Villiers est d’une esthétique mobilière de dentiste suédois ou de concierge d’hippodrome. Que penser, par exemple, de portières de soie bleu-ciel, rehaussées de broderies d’or orientales, d’un divan de même style, d’un traîneau hollandais en bois sculpté, faisant office de chaise longue et capitonné de bleu clair, enfin, d’une immense peau d’ours blanc sur des tapis de Caramanie, probablement achetés au Louvre ?
       – C'est l’appartement d’un souteneur Caraïbe, disait un observateur exact. On aime croire que c'est en ce lieu qu’il a écrit cette autobiographie d’un cynisme si inconscient, que Falstaff n’aurait pas osé signer, – où il s’offre en exemple à tous les maquereaux inexpérimentés qui pourraient avoir besoin de lisières. »


Noëlle BENHAMOU

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