N°11 - Février 2005






Parutions
Edition
Nouvelles des siècles, 44 histoires du XIXe siècle, textes réunis et présentés par René Godenne, Paris, Presses de la Cité, Omnibus, octobre 2000, 848 p. (22,11 euros).
Bien que parue depuis quelques années déjà, cette très belle anthologie qui contient, outre des récits courts de Zola, Daudet, Erckmann-Chatrian, Hennique, Mirbeau, Bloy, Richepin, Coppée et Schwob, les nouvelles maupassantiennes suivantes : « Regret », « La Tombe », « Une vendetta » et « Le Modèle », mérite d'être signalée et lue.

Ouvrages
- Bernard Demont, Représentations spatiales et narration dans les contes et nouvelles de Guy de Maupassant. Une rhétorique de l'espace géographique, Paris, Champion, Romantisme et Modernités ; 89, janvier 2005, 544 p. (85 euros)
Publication d'une thèse soutenue à l'université de Lausanne en 2003.

- David Lodge, L'Auteur ! L'Auteur !, traduit par Suzanne Mayoux, Paris, Rivages, janvier 2005, 413 p. (21 euros)
A travers cette biographie atypique de Henry James, David Lodge jette un regard amusé et caustique sur le XIXe siècle finissant. On y croise la silhouette de Maupassant en quête de filles dans un restaurant londonien.


Evénements
Vente du manuscrit de « Solitude »
Le manuscrit de « Solitude » (Le Gaulois, 31 mars 1884, recueilli dans Monsieur Parent, 1886), six feuillets datant de 1884, a été mis en vente à l'Hôtel Splendid à Dax le 12 décembre 2004 (Cabinet d'expertise Christine Chaton 2 quai de l'Yser 17100 Saintes). L'estimation était de 8.000/10.000 euros. Nous ignorons combien il a finalement été vendu.

Contes de Maupassant dans Un livre un jour
Jeudi 10 février prochain, entre 18h et 18h05 sur France 3, Olivier Barrot présentera, dans son émission Un livre un jour, les trois volumes de Contes dus à Marie-Claire Bancquart - Contes parisiens, Contes cruels et fantastiques et Contes normands - qui viennent de reparaître en livre de poche, collection La Pochothèque, Les Classiques modernes.

Adaptations
Une vie sur le petit écran
Lundi 3 janvier dernier, une adaptation d'Une vie a été diffusée sur France 2. Plusieurs abonnés de la revue Maupassantiana m'ont écrit pour me faire part de leur déception, que je partage mais qu'il faut analyser et nuancer. Le grand mérite de cette fiction est d'avoir respecté le cadre spatio-temporel du roman. La Normandie de la Restauration et de la Monarchie de Juillet a été bien rendue. Les costumes et l'atmosphère d'époque (mobilier, châteaux…) également. Cependant, le lecteur du roman a souvent été déçu, non seulement par le scénario de Colo Tavernier qui a pris quelques libertés avec le texte de Maupassant, nous le verrons, mais aussi par le choix des principaux acteurs.
Jeanne est décrite dans le roman comme une jeune fille blonde aux yeux bleus, fragile, timorée, naïve, rêveuse, puis dépressive, atteinte de bovarysme après le désenchantement du mariage. Elle est comparée à un tableau de Véronèse. Barbara Schulz n'était pas la comédienne à laquelle auraient pensé les lecteurs. Elle incarnait une Jeanne trop vive, trop remuante, trop énergique, trop pleine de vie en somme. De plus, le personnage de Jeanne s'opposait physiquement et moralement à Julien de Lamare : blond # brun ; faiblesse # force… Le couple était d'emblée antithétique et mal assorti. Ce contraste n'est plus respecté dans le téléfilm.
Julien de Lamare est un hobereau cruel et sans coeur, une brute. C'est un homme violent, bestial, qui se laisse aller à ses pulsions et donne libre cours à ses instincts. On l'imagine fort et viril. De ce point de vue, Christian Marquand, dans le film d'Astruc (1958), représentait bien le héros maupassantien. Boris Terral, l'acteur qui interprétait Julien, n'avait pas l'air d'une brute épaisse mais d'un jeune dandy. Lorsqu'il se présente chez les parents de Jeanne, il prend des poses de muscadin ou de mirliflor. Elégant, maniéré, Julien ne l'est pas.
Wladimir Yordanoff et Catherine Jacob qui campaient les parents de Jeanne étaient très crédibles, de même que les acteurs qui incarnaient l'abbé Picot, l'abbé Tolbiac, la Tante Lison et les Fourville (Arno Chevrier et Florence Darel).
Colo Tavernier avait choisi de ne représenter que la première partie du roman, jusqu'au chapitre VIII inclus. Elle a cependant pris d'importantes libertés avec le texte initial. Nous nous limiterons à quelques remarques et interrogations.
- Le voyage de noces en Corse est à peine décrit à l'écran, alors qu'il a une importance capitale pour l'héroïne qui se gorge de soleil et se remplit la vue des beautés de l'île et de sa sensualité…
- A l'annonce de la mort de Julien, Jeanne, enceinte, accouche d'une petite-fille mort née, détail non respecté dans l'adaptation.
- Pourquoi avoir modifié le prénom de Madame de Fourville ? Gilberte devient en effet Sylvaine.
- Après le meurtre de sa femme et de Julien, le comte de Fourville se suicide d'un coup de fusil de chasse, sur une barque au milieu de la rivière dans le téléfilm. Rien de cela dans le roman.
Malgré les reproches qui peuvent lui être adressés, le téléfilm doit être considéré pour lui-même, en se plaçant du point de vue d'un spectateur qui n'aurait pas lu Maupassant. Le pari me semble alors réussi. La fiction poussera sans doute des téléspectateurs, jeunes ou moins jeunes, à lire le roman. N'est-ce pas l'une des grandes ambitions de la fiction télévisuelle ? La scénariste a actualisé les héros en leur greffant des sentiments du XXIe siècle. Il faut donc voir dans ce téléfilm non une adaptation - mot qui déplaît beaucoup à Benoît Jacquot - mais une création à partir d'une œuvre littéraire, et le considérer comme une nouvelle oeuvre à part entière.

Bel-Ami au Festival (fipa) de Biarritz
Le téléfilm Bel-Ami, de Philippe Triboit d'après le roman de 1885, a été présenté au Festival international de programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz. L'interprétation de Sagamore Stevenin a beaucoup plu aux professionnels de l'image venus voir la fiction en avant-première. Bien qu'il y ait encore des libertés prises avec le roman (pour éviter la voix-off, le scénariste a imaginé un confident à Georges Duroy, un anarchiste condamné à mort qui lui ressemble…), nous attendons avec impatience la diffusion sur France 2 de cette adaptation en costumes avec Claire Borotra, Florence Pernel (Madeleine Forestier) et Caroline Baehr. Elle a été sélectionnée au Festival de Luchon dans plusieurs catégories : Films unitaires, Fictions de Prestige et Films historiques. Pour lire quelques critiques belges :
http://www.lalibre.be/article.phtml?id=5&subid=86&art_id=202584
http://www.leguide.be/Guide/tele/page_5373_294484.shtml

Lecture de nouvelles
François-Régis Mellet lit cinq nouvelles de Maupassant à l'Atelier Théâtre de Montmartre. Les critiques sont très bonnes.
Jeudi à 19h00
Capacité de la salle : 50 personnes.
Tarif : 10 euros par personne (possibilité de gratuité sur le site ci-dessous)
Atelier Théâtre de Montmartre
7 rue Coustou
75018 Paris
Métro : Blanche
Pour tout renseignement :
http://www.billetreduc.com/2960/0/spe.htm


Maupassant dans l'enseignement secondaire
« Aux Champs » de Maupassant/Santelli
Angelina Caussé propose des questionnaires de vocabulaire et de compréhension destinés à accompagner la lecture comparative du conte « Aux Champs » et de son adaptation télévisuelle par Claude Santelli. Possibilité de télécharger les exercices destinés aux élèves en format .doc sur le site et de recevoir sur demande le corrigé.
http://www.ac-amiens.fr/etablissements/0601178e/rvluso/article.php3?id_article=223&var_recherche=Rechercher+maupassant

Bel-Ami pour les lycéens
Le site Boskitos offre aux visiteurs des explications linéaires et thématiques du roman Bel-Ami. Les passages choisis sont : l'incipit, la visite à pé et mé Duroy et l'angoisse de la page blanche.
http://www.boskitos.com/lycee/francais/index.htm

« Boule de suif » en classe de 3e
Le site de l'académie de Versailles a mis en ligne une séquence de Jean-François Dru, professeur de collège. Intitulée « Etude de la nouvelle « Boule de suif » de Maupassant : comprendre le fonctionnement de l'argumentation dans le récit », elle s'adresse à une classe de 3e. Possibilité de télécharger la séquence au format .rtf.
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/Lettres/jfdsqbds.htm

Boule de suif : un texte et un film
Le site de l'académie de Créteil propose, quant à lui, une séquence de Brigitte Réauté, professeur de collège. Il s'agit cette fois d'étudier « Boule de suif » et l'adaptation filmique de Christian-Jaque.
http://www.ac-creteil.fr/lettres/pedagogie/college/3e/suif.htm

« Toine » au collège
Patrice Deidda présente une séquence complète sur le conte « Toine » destinée au collège. « Lire intégralement une nouvelle réaliste du XIXe » est abritée par le serveur de l'académie d'Aix-Marseille.
http://www.lettres.ac-aix-marseille.fr/nouvelle_realiste.htm

Nous rappelons que nous ne garantissons pas la qualité des sites signalés.


Boule de Surf, Maupassant sur le Web
« Les Bijoux » pour des étudiants anglophones
André Bougaïeff, professeur de langue française à l'Université du Québec à Trois-Rivières, a développé un site Web d'aide à la lecture pour les étudiants anglophones.
http://www.uqtr.ca/~bougaief/EFL
Le recueil Easy French Literature comprend des oeuvres de Daudet, Zola, Perrault et Maupassant. Le texte français se trouve à l'écran et il suffit de placer le curseur sur les mots du passage pour que leur traduction anglaise apparaisse en bas de l'écran. Une façon efficace pour des étudiants de langue anglaise d'apprendre le français et pour les curieux francophones de réviser leur anglais. Le conte de Maupassant « Les Bijoux » est consultable en cliquant sur le lien ci-dessous.
https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/atxw013?owa_mode=2&owa_no_recueil=1&owa_nom_recueil=ELF&owa_no_texte=8

Georges Normandy en espagnol
Le site Guy de Maupassant de José Manuel Ramos vient de s'enrichir d'une traduction espagnole du Maupassant de Georges Normandy paru chez Rasmussen en 1926. Les internautes hispanophones peuvent désormais lire la traduction en ligne ou télécharger l'ensemble du volume traduit au format Word. Saluons cette initiative.
http://www.iesxunqueira1.com/maupassant/normandindi.htm

Marie Bashkirtseff
Signalons le très beau site de Philippe Carrette, entièrement consacré à son aïeule Marie Bashkirtseff. Au-delà de l'aspect esthétique du site, l'internaute y trouvera de précieux renseignements sur cette artiste qui entretint une étrange correspondance avec Maupassant.
http://perso.wanadoo.fr/marie.bashkirtseff/

Ecrits érotiques de Maupassant en accès libre
Loïc Di Stefano, directeur des éditions La Chasse au Snark, propose les textes érotiques suivants : A la feuille de rose, maison turque et des Poèmes érotiques. Possibilité de les télécharger au format Word. Cliquer sur la rubrique Lyber.
http://www.snark.fr

Le chantier Maupassantiana
Après une période de travaux rendant inaccessibles les pages perso (du 4 au 25 janvier 2005), Wanadoo a rendu de nouveau possible la mise à jour des sites qu'il abrite. Maupassantiana a ainsi pu être enfin actualisé et enrichi. Certaines rubriques ont été développées et transformées, des pages ajoutées, d'autres mises en chantier. Afin de faciliter la consultation, le site comporte désormais un plan accessible depuis la page d'accueil (cliquer sur la signature) et une présentation (cliquer sur le portrait de Maupassant).
Mon premier objectif est de compléter la rubrique Bibliographie. A terme, les visiteurs de la rubrique Adaptations cinématographiques pourront consulter la fiche technique de chaque film figurant dans les tableaux et visualiser l'affiche de cinéma correspondante. Autres projets en cours :
- un index général des noms cités avec, pour chaque personnalité, notice biographique et portrait.
- une rubrique Biographie destinée à mieux faire connaître aux Internautes la vie, les amours, les contemporains, les amis, la famille de Maupassant.
- un index général des oeuvres adaptées.
- développer la partie Adaptations en proposant aux visiteurs d'écouter des morceaux musicaux, inspirés d'écrits maupassantiens.
Certaines pages ne sont pas « achevées » mais j'ai préféré ajouter les textes au fur et à mesure de leur saisie plutôt que d'attendre une hypothétique exhaustivité (voir la liste des journaux et les articles de presse en ligne). L'intérêt d'Internet n'est-il pas de pouvoir ajouter, transformer et corriger sans cesse les données mises en ligne ? Les 122 abonnés de la revue, issus de tous les coins du monde, les autres visiteurs et le Webmaster lui-même doivent seulement s'armer de patience !


Histoire du vieux temps
En février 1887, Guy de Maupassant donne l'autorisation à Oscar Méténier d'adapter à la scène sa nouvelle « Mademoiselle Fifi ». Voici un extrait de la lettre :

« Monsieur et cher confrère,

Je suis arrivé hier à Paris et je pars ce soir pour Antibes, où je suis appelé auprès de mon frère, très gravement malade. C'est vous dire que je suis dans l'impossibilité de vous fixer le rendez-vous que vous me demandez ; mais je vous autorise bien volontiers à tirer une pièce de Mlle Fifi pour le Théâtre-Libre. Et vous la ferez jouer quand il vous plaira. »

(Lettre n°444, Correspondance, éd. Jacques Suffel, t. II, Evreux, Le Cercle du Bibliophile, 1973, p.246).

La pièce ne sera créée qu'après la mort de Maupassant, plus exactement le 10 février 1896.


En lisant
- Jules Renard, Journal (1887-1910), Paris, Robert Laffont, Bouquins, 1990, p.122.
1893
13 février.- […]
J'aime Maupassant parce qu'il me semble écrire pour moi, non pour lui. Rarement il se confesse. Il ne dit point : « Voici mon coeur », ni : « La vérité sort de mon puits. » Ses livres amusent ou ennuient. On les ferme sans se demander avec angoisse : « Est-ce du grand, du moyen, du petit art ? » Les esthètes orageux, prompts à s'exciter, dédaignent son nom, qui ne « rend rien ».
Il se peut que, Maupassant une fois lu tout entier, on ne le relise pas.
Mais ceux qui veulent être relus ne seront pas lus.

- Margaret Atwood, Le Tueur aveugle, roman, traduit de l'anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch, Paris, Robert Laffont, Pavillons, 2002, p.187. [titre original : The Blind Assassin (2000)].
Les mathématiques selon M. Erskine étaient relativement simples : il fallait qu'on sache tenir nos comptes, c'est-à-dire qu'on puisse additionner et retrancher et gérer une comptabilité en partie double.
Le français se résumait à des formes verbales et à Phèdre et englobait des maximes concises, formulées par des auteurs connus. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait – Estienne ; C'est de quoi j'ai le plus peur que la peur – Montaigne ; Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point – Pascal ; L'histoire, cette vieille dame exaltée et menteuse – Maupassant ; Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains – Flaubert ; Dieu s'est fait homme ; soit. Le diable s'est fait femme – Victor Hugo. Et cetera.

[La citation de Maupassant est extraite de Sur l'eau (1888), Saint-Tropez, 12 avril]


Qui sait ?
Selon un article du Figaro du 13 janvier dernier, Claude Berri « rêve toujours d'adapter Maupassant ». Quelqu'un aurait-il plus des précisions sur le sujet ? Quand le producteur a-t-il tenu de tels propos ? Quelle oeuvre précise envisage-t-il d'adapter ?
(Réponse à la revue qui transmettra)


Noëlle BENHAMOU

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