- juin 1890, t. I, n°6, p.223.
L'Inutile Beauté, par GUY DE MAUPASSANT (Havard). - Qu'est-ce que la pensée humaine ? Cette question vient d'être résolue par M. de Maupassant : - « Une fonction fortuite des centres nerveux de notre cerveau pareille aux actions chimiques imprévues, dues à des mélanges nouveaux, pareille aussi à une production d'électricité créée par des frottements ou des voisinages inattendus, à tous les phénomènes enfin engendrés par les fermentations infinies et fécondes de la matière qui vit ». - (page 40). R. G. [Remy de Gourmont]
- août 1890, t. I, n°8, p.300.
Notre coeur, par GUY DE MAUPASSANT (Ollendorff). - George Sand, ayant fini un roman à trois heures du matin, narre quelque part un témoin effrayé et admirant, prit un autre feuillet, inscrivit un autre titre, Jacques, et, sans désemparer, sans une minute de réflexion, commença un nouveau volume. Exemple certainement mémorable de ce que peut la volonté jointe à du sens pratique et à de l'avidité industrielle : M. de Maupassant est tout de même supérieur à la célèbre « danseuse de revue », sa philosophie, aussi vile, est moins naïve et ses œuvres sont moins ennuyeuses. Ce roman raconte d'éternels et nécessaires malentendus ; la conclusion en est assez dure pour les princesses, auxquelles le héros de l'histoire décidément préfère une petite bonne, toute simple, toute... - Ah ! toutes les femmes de chambre voleront le livre à leurs maîtresses. En somme, c'est une bonne lecture pour le wagon, la plage, le yacht... R. G. [Remy de Gourmont]
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- 1er juillet 1925, t. VII, n°649, p.278-279.
À propos d'une pièce inédite de Guy de Maupassant et de Robert Pinchon : « La Maison Turque ».- La notice nécrologique sur Un ami de Maupassant, M. Robert Pinchon (La Toque) - Mercure de France du 15 mai 1925, page 276 - contenait une erreur que M. Léon Hennique veut bien rectifier dans la lettre ci-dessous. Sur un renseignement que je tiens d'Henry Céard, j'avais écrit que M. Léon Hennique jouait le rôle principal dans la farce de Maupassant et Pinchon, La maison turque à la feuille de rose, qui fut représentée en 1875 chez le peintre Leloir et, en 1877, chez le peintre Becker.
M. Léon Hénnique répond :
Paris, 10 juin 1925.
Mon cher Monsieur Deffoux,
Vous vous êtes trompé - ça vous arrive quelquefois - l'autre jour, au Mercure, en racontant que, dans cette farce de Maupassant, « Maison turque », je figurais le personnage principal. Je n'y figurais ni personnage principal, ni personnage secondaire ; je n'avais pas accepté d'être de la pièce. Le ou les personnages principaux furent tous tenus alternativement, exclusivement, par M. R.P., dont vous parliez. Quant aux rôles femmes - si j'ai bonne mémoire - je n'aperçois guère les tenant que M., l'auteur, et quelques peintres des amis. Je ne me reconnais point le droit de vous les nommer.
Voilà ! mon cher Monsieur Deffoux, je vous serais reconnaissant de rectifier.
Poignée de mains.
LÉON HENNIQUE.
Il faut regretter, avec Edouard Maynial (La vie et l'oeuvre de Maupassant, page 111), que l'on n'aît pas cru, jusqu'à présent, pouvoir éditer, même à tirage restreint, La Maison turque à la feuille de rose.
Flaubert fait allusion à la représentation de 1877 dans une lettre à Zola datée du 5 octobre, et Maupassant annonce le fait à son collaborateur Pinchon dans une lettre du 28 mars 1877. Henry Céard (Evénement du 22 août 1896), tout en se défendant de dire même le titre de la pièce, donne quelques détails sur la représentation de 1877 où l'on vit « Suzanne Lasser [sic, lire Lagier] sortir, tant elle était offusquée dans la délicatesse de ses sentiments, Touguéneff applaudir, Zola demeurer grave et Flaubert s'enthousiasmer du « rafraichissement » que lui causait cette violente aventure d'amour ».
Le sujet de cette aventure ? On peut tout de même l'exposer brièvement.
Un jeune ménage provincial vient à Paris, cherche un hôtel et tombe, innocemment, dans une maison close dont les pensionnaires sont toutes plus ou moins avariées. Défilé de ces pensionnaires, puis de la clientèle. Passent successivement : un Anglais pour qui les femmes posent à la façon des statues de cire ; un vidangeur, fort occupé, car il mène de front son travail habituel (les cabinets de la maison débordent) et les divertissements particuliers à la maison turque ; le valet de chambre de cette maison - il se nomme « Crête de Coq » et a pour maîtresse une des femmes les plus demandées : Raphaële ; un bossu, client particulièrement exigeant et difficile à satisfaire, etc. A la faveur de ces allées et venues, le jeune ménage passe de mains en mains et finit - c'est la morale de l'histoire - par prendre goût à son aventure érotico-scatologique.
Une phrase de la lettre de M. Léon Hennique (« le, ou mieux les personnages principaux furent tous tenus alternativement et exclusivement par M. Robert Pinchon »...) donnerait à penser que l'Anglais, Crête-de-Coq, le vidangeur et le bossu, personnages ne paraissant chacun que dans une scène, furent tous incarnés par M. Robert Pinchon, lequel, par la suite, se montra, lui aussi, fort peu prodigue de renseignements sur cette oeuvre de jeunesse.
L.[éon] D[effou]X.
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